Ceven’trail – trail des étoiles
“Le prof de sport m’a parlé d’un trail qui commence presque dans mon salon.”
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour aller voir un copain qui vient de déménager au milieu des Cévennes. Une première inscription sur le 42 km que je change rapidement pour passer sur le 63 km afin de valider les points nécessaires pour pouvoir participer à mon objectif à la Réunion et c’est parti !
Le vrai premier challenge pour aller courir ce trail est d’arriver sur place. Depuis Tours, impossible d’y arriver en moins de 10h de transport en commun et ça ne s’améliore pas quand notre TGV doit éviter la gare dans laquelle on doit le prendre suite à un train en panne sur les voies. Heureusement qu’avec Mathilde nous sommes rompus à l’exercice des transports qui foirent et que nous ne stressons pas pour ce genre d’événements. Deux correspondances plus tard, à l’aide de la formule magique “rupture de correspondance” nous finissons pour arriver à Montpellier où Romain vient nous chercher.
Pendant l’heure et demie de route, je prends le temps de regarder le paysage et les chemins en bord de route. Ces observations viennent confirmer que je vais partir sur mes chaussures de trail légères, car le secteur à l’air assez roulant.
Une fois sur place la logistique est ultra simple. Romain habite dans un lycée et le retrait des dossards se déroule dans le gymnase de ce même lycée. Le départ de la course se fait à 11h le samedi, ce qui signifie pas besoin de mettre un réveil, petit déj’ à l’heure habituelle, bref on perd tout ce qui fait les sels de la pré course et les levés à 3h du mat.
La course ⅓ – placement, rythme
Le départ de la course est parfait. 350 coureurs au départ, on commence par un faux plat montant puis rapidement les pourcentages augmentent. Le peloton s’étire et dès l’arrivée dans les singletracks chacun a pu prendre sa place. Comme annoncé par l’organisateur, on rattrape rapidement les coureurs du 100 km qui ont déjà 40 bornes dans les pattes quand nous les croisons. Ce côté packman dès le début de la course est assez motivant pour avancer sans encourager à se mettre en surrégime.
Je trouve rapidement mon rythme, ce qui est bien car aujourd’hui j’ai décidé de laisser tous les indicateurs de ma montre de côté. J’ai seulement laissé une alarme toutes les 30 min pour me rappeler de manger. Je fais le reste à la sensation et selon mon plan travaillé en amont. Je me trouve donc à doubler et être doublé par le même groupe de personnes une bonne dizaine de fois en l’espace de 20 km. De mon côté, je me préserve dans les montées et je profite de mes grands compas pour avaler les descentes rapidement, pendant que le groupe de 3-4 coureurs avec qui je suis a plus une allure constante.
J’arrive au premier ravitaillement avec 30 min d’avance. Grosse forme et petite erreur de l’organisation sur l’indication du ravitaillement situé 2 km plus tôt que prévu font que Mathilde me rate de peu.
La course ⅔ – pacing
Assez rapidement après le ravitaillement je me retrouve de nouveau avec 2 coureuses qui faisaient partie de mon petit groupe au départ. Il s’agit des deux premières féminines et comme d’expérience sur les courses de ce type, je finis légèrement derrière le podium féminin, je me dis donc que je dois être à peu près à ma place dans la course.
Après s’être doublé encore une bonne dizaine de fois et avoir échangé quelques mots, on attaque le cirque de Navacelles tous les 3. Domitille en tête suivie de sa pote Karine et moi sur leurs talons. La descente se passe au train, on n’a pas beaucoup le temps d’échanger ou de regarder le paysage, le chemin n’est pas ultra technique mais il y a tout de même quelques pierres et surtout un grand vide sur notre droite.
Arrivé au Moulin de la Foux, les filles continuent sur leur rythme constant, pendant que je ralentit dans la montée. Quitte à les avoir perdues, j’en profite pour me ravitailler. Sans forcer spécialement je reviens dans leurs pieds une dizaine de minutes plus tard et nous finissons le tour du cirque ensemble. Un peu avant le village, Domitille me dit que la section à courir quasi non stop l’a fatiguée. Je prends le relai pour donner le rythme au groupe et assez rapidement je me détache pour attaquer la montée vers le ravitaillement.
Au début tout va bien, je passe les lacets, la vue est magnifique, j’en profite pour faire une session photo et mettre les écouteurs, car je me retrouve un peu isolé. Je commence à regarder de plus en plus souvent ma montre, à trouver le temps long et à comparer l’altitude par rapport au prochain ravitaillement. Assez subitement, je n’ai plus de jambes, comme l’impression d’avoir ajouté une masse de 2 kgs sur chaque mollet. Je comprends que je suis en train de faire une belle hypoglycémie, et c’est pour ça que j’ai toujours une ration de compote de secours dans le sac. La fin de la montée est un calvaire, les 2 filles accompagnées d’un autre traileurs du 63 km me rattrapent et me déposent tant l’énergie me manque.
Je finis malgré tout au ravitaillement où Mathilde m’attend. J’avais prévenu dans le plan que je profiterai probablement de ce ravitaillement pour manger un peu plus solide, avec l’hypo en cours, je n’ai de toute façon pas trop le choix. Recharge des batteries à base de purée patate/patate douce et un verre de coca et ça repart.
Course 3/3 – seconde vie
Ça repart mais très poussivement. Pendant 30 min après le ravitaillement, je peux courir maximum 30 secondes / 1 minute, puis je dois marcher. J’écoute un podcast sur le trail, qui m’a permis de penser à autre chose que ma galère. “Fun” fact pas fun, le présentateur expliquait à quel point la nouvelle génération manque d’exercice physique et que des tests récents en CM2 révèlent une valeur cardiaque max inférieure de 25% par rapport aux générations précédentes.
Je prends mon mal en patience, le jus revient et quand je croise Mathilde au ravitaillement suivant je suis tellement bien qu’on le fait en version express. Dès que j’ai Mathilde en vue, j’annonce ce dont j’ai besoin, arrivé à sa hauteur on échange gourde vide, gourde pleine, recharge en compote, un bisou et ça continue direction l’arrivée.
Au départ de la course mes objectifs étaient : objectif principal finir pour avoir les points, side quest moins de 8h. En regardant ma montre je me rends compte que je peux faire sous les 7h30. Alors c’est une valeur complètement arbitraire mais ça m’a donné assez de motivation pour monter à bon rythme et relancer régulièrement sur le plat.
Dans la dernière descente je me sens vraiment frais. J’ai 0 douleur musculaire après 55 kilomètres de course. Je me félicite d’avoir été sérieux sur le renforcement musculaire cette saison, notamment le CrossFit depuis le début de l’année. Ça change tout sur la fin de course et ne pas avoir l’impression d’avoir des couteaux plantés dans les cuisses rend l’expérience bien plus agréable.
Les derniers kilomètres sur le plat sont plus poussifs, notamment suite à une assez grosse chute lors du passage dans le lit de la rivière où je suis tombé les 2 genoux en avant sur une pierre d’apparence stable, mais qui était en équilibre précaire. Heureusement l’arrivée n’était plus loin.
Passage de la ligne d’arrivée où je recroise mes 2 camarades de mi-course arrivées 3-4 minutes devant moi. Je suis rejoint par Mathilde et le reste des copains. J’en profite pour dire un grand bravo à Romain pour avoir couru son premier trail et tout simplement pour sa première épreuve sportive depuis qu’il a été diagnostiqué diabétique et à Mimi pour avoir fait l’assurance vie au cas où
Conclusion
Un trail parfait si on oublie la chute. Météo au top, organisation aux petits oignons doux des Cévennes, parcours changeant et vues imprenables, course maîtrisée et objectifs validés.
Il est temps de ranger les baskets de trail et monter sur le vélo pour entamer la saison de triathlon. A bientôt !