Swiss Peak 2024

Allez c’est parti pour vous parler de cette SwissPeak 360, qui fait comme son nom ne l’indique pas : 380 km pour un bon 26000 m de D+.

Contrairement à beaucoup de courses, je suis arrivé sur la ligne de départ sans stress. Je ne sais pas si c’est parce que ma tendinite au tendon d’Achille m’avait déjà stressé avant l’événement ou si c’est que devant l’ampleur de la tâche à accomplir, mon cerveau avait décidé d’ignorer la difficulté, dans tous les cas prendre un départ aussi relâché a été super agréable.

Le départ en lui-même a été un peu fouilli. L’organisation a voulu faire un truc sympa en faisant partir les coureurs de la 660 avant nous, sauf qu’ils les ont placés derrière nous pour faire une haie d’honneur. Faire partir des gens avec 300 km de plus que nous dans les jambes était un peu joueur, heureusement la première montée est assez large et sèche pour réorganiser le peloton. L’ambiance est bonne. On croise aussi bien l’ultra traileur qui se promène avec son Ukulélé pour en jouer en chemin, que les têtes d’affiches de l’ultratrail : Luca Papi, Aurélien Sanchez et bien d’autres.

Je grimpe bien, sur le plat je relance, j’ai des supers sensations. Je dépasse même Aurélien Sanchez, premier français à avoir gagné la Barkley. Je lui glisse un mot sur le fait que c’est un mec qui m’inspire beaucoup. Dans le même temps, je me dis que c’est probablement une connerie d’être en train de le doubler. Même avec 300 bornes dans les jambes Aurélien va très probablement passer la ligne d’arrivée avant moi.

Je rejoins un mec avec qui j’ai l’air de courir à la même allure. Au fil de la discussion j’apprends qu’il était le chronométreur sur la Montagn’Hard et que ça a été un enfer pour eux avec tous les classements et sous classements à faire liés aux bifurcations que certains coureurs ont dû faire. J’apprends également qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai sur la distance sur laquelle nous sommes et j’écoute sagement ses conseils sur où dormir, où ne pas dormir, les moments techniques et autres. Je pense que sur ce genre de course c’est important de prendre un maximum d’informations et de faire le tri de ce qui va nous servir.

Je continue ma folle avancée et je fais un arrêt bien trop rapide à Reckigen. J’ai l’impression d’être à l’UTMB, pendant que je mange de la pastèque Mathilde change mes gourdes et me remet du ravitaillement. A peine 6 minutes en ravitaillement, pas assez pour une course de longue haleine comme celle que je suis en train de faire. Dès la montée suivante Aurélien me reboucle confirmant mon rythme un peu trop précipité en ce début de course.

Je passe la première base vie également en mode “pit-stop”. Je m’y arrête 26 petites minutes pour : manger, mettre mes pieds dans l’eau et soigner mes premières ampoules. En sortant de cette base vie je pense avoir bien géré et grapillé quelques minutes. L’avenir m’apprendra que faire des ravitaillements en dessous d’un certain temps s’est s’assurer de perdre 2 à 3 fois ce temps sur la section suivante.

Parlons-en de la section suivante. Ça commence par une jolie grimpette, qui me fait bien suer en cette fin d’après-midi. Je mène un rythme très _trop_ soutenu pour un groupe de 3-4 personnes. Au bout de 45 min, je me rends compte que je suis en train de m’épuiser, je finis par mettre le clignotant, les laisser passer et prendre le temps de me ravitailler. Le choix s’avère payant puisque bien qu’étant reparti bien plus calmement je finis par ratrapper quasiment tout le groupe devant moi avant la fin de la montée.

J’entre ensuite dans une phase de torpeur. J’ai l’impression d’avancer avec gilet lesté sur un escalator à contre sens. Je n’arrive plus à m’alimenter. J’ai des débuts de crampes aux quadri, ce qui ne m’arrive jamais surtout que l’on a à peine fait 60 bornes. J’évite que les pensées noires ne s’installent, mais je me dis qu’à moins de 1/6ème de la course, la ligne d’arrivée semble bien loin. On ajoute à ça que l’une de mes flasks se perce. Je suis donc trempé, court en eau et avec un niveau de motivation dans les chaussettes de contention.

Arrive un mec et sa copine, qui finira 3ème féminine. Ils me doublent. Elle galère un peu, il la motive pour avancer et en profite pour me tirer en même temps. Ça m’aide un temps, avant que la volonté ne relâche. J’arrive tant bien que mal à la fin de cette montée et bascule dans la descente.

Je ne vais pas dire que je revis dans la descente car j’ai l’impression de la faire avec le frein à main serré à fond, mais j’avance. Et là, mon bâton décide de partir en grève, sûrement en solidarité avec mes jambes. Heureusement que j’avais un plan B dans mon sac d’assistance, sinon j’aurais fini la course en mode “mains dans les poches”.

J’arrive à Eisten au petit matin, la deuxième base vie. Je me douche et tente une sieste. A défaut d’être très reposante elle arrive à me faire faire un reboot mental, et comme sous Windows 98 un bon reboot règle tout. On enregistre le jour 1 et c’est parti pour le jour 2.

our 2

Décollage de Eisten, on attaque directement dans une pente raide, toute en herbe avant de longer une grosse départementale. Heureusement on rentre rapidement dans la forêt pour une ambiance bien plus sympa. Je vois au loin un coureur, mais je me restreins à essayer de le rattraper trop vite. Je prends le temps de faire des photos et vidéos de la cascade. Petit à petit, je finis tout de même par le rattraper. On fait la causette toute la montée, avant d’attaquer une descente raide sur piste forestière. C’est là que je vois poindre un petit souci. Mes quadriceps sont proches de la tétanisation et je dois prendre le temps d’amortir chaque pas, notamment à l’aide des bâtons.

Je finis par arriver au ravito, je suis content de me poser quelques minutes. Je commence à rentrer dans le rythme où je n’essaie plus de sprinter au ravitaillement. Je prends le temps de faire ce qu’il faut avant de me remettre en route et vu la section qui arrive c’est une bonne chose de repartir en forme. A noter que depuis quasiment 24h je n’arrive plus à manger solide en courant, je suis donc passé sur une nutrition liquide à base de coca dégazéifié, à voir combien de temps ça va tenir. #ladiététiqueavanttout

Je reprends la descente là où je l’avais laissée. Les quadris m’envoient toujours des coups de couteaux dès que le pied touche le sol. Je passe une bosse, puis j’attaque le gros morceau de la journée, une montée dans un pierrier à jouer à “Où est Charlie ?” avec les fanions. Le tout en essayant d’éviter de refaire un câlin aux cailloux, ce qui m’avait valu 5 points de suture au tibia, début août. Lors de cette grimpette je reprends des coureurs petit à petit, mais arrivé au sommet c’est le drame. Je vois tout le monde se lancer dans la pente en courant, alors que je peine à trotimarcher. La vue est dégagée et je vois l’écart grandir minute après minute avec les coureurs qui me précédent. Je descends tant bien que mal vers le ravito. Celui-ci est caché dans une étable à vache, mais dès que j’y entre je sens l’atmosphère réconfortante. Il fait bon, ça sent la nourriture surtout la raclette et on peut y dormir.

Je profite de l’ambiance pour bien me recharger. Je suis bien motivé pour attaquer la première partie de la nuit pour la couper avec la base vie de Grimentz. La montée se passe super bien en rythme. Puis arrive la descente, il me faut 2 éternités pour arriver au bout de la partie technique, puis arrive un faux plat descendant. J’arrive à remettre un peu de rythme, mais une nouvelle portion technique me met un coup au moral. Pour la première fois, je décide d’écouter les vocaux fait par les copains en amont de la course, pour rester booster. Ca me tient debout, même si j’ai l’impression d’avancer au rythme d’une personne âgée au marché du samedi. J’aperçois une frontale qui remonte la pente. Il s’agit d’un belge venu à la rencontre de son pote. Je lui indique qu’il n’y a personne derrière moi avant des plombes. Il décide de faire demi tour, c’est là que je me rends compte que le mec est monté en chaussures de vélo avec ses cales et surtout qu’il redescend cette partie technique plus rapidement que moi qui suis correctement équipé.

J’atteins enfin la route et ce que je pense être la délivrance, mais non. Le traceur a décidé de nous faire passer dans un bout de forêt qui n’a ni queue ni tête. Le balisage est nul. On doit passer sous des barrières, passer sur des troncs, contourner un caillou via un couloir trop étroit avec nos sacs de trail. Je maudis cette modification de parcours de dernière minute qui rajoute 3 km au parcours initial et des difficultés dispensables. L’excuse de l’organisation pour nous faire passer par là est que le pont que nous devions prendre s’est effondré… J’ai rarement été aussi négatif et agacé depuis le début de la course et là “sonnerie super longue de mon téléphone qui insupporte Mathilde au quotidien”. Je reçois un vocal de Yoann, un pote de Tours. Son vocal est ultra percutant, et pour cause Yoann connaît l’ultra pour l’avoir pas mal pratiqué en vélo. Chaque phrase qu’il dit raisonne en moi et me donne la niaque.

Ultime détour dans la forêt, je prends la flotte pour la première fois depuis l’épreuve. Le ravitaillement n’a l’air de ne jamais arriver, mais je finis tout de même par rejoindre Mathilde.

Ayant réparé 2 fois mes pieds tout seul à base de compeed et de strap, je me dis que je vais profiter du podologue sur place pour laisser faire un professionnel. Comme il y a de l’attente pour le podologue, j’accepte la proposition du kiné de me masser. Meilleure décision de cette course, mes quadris se détendent et vont me permettre de courir la suite des descentes. Quand le podologue se libère je lui fais voir l’art que j’ai fait sous mes pieds… il analyse et m’annonce qu’il va devoir me retirer 12 cm2 de peau sous le pied pour gérer ma connerie et la cloque qui me prend le tiers arrière du pied. C’est lui le pro, je le laisse faire. Pro tip : ne jamais soigner vos ampoules avec des compeeds en course, les 4 podologues que j’ai vu au cours de l’épreuve ont tous été unanime sur le sujet. En discutant avec le podologue, il m’apprend aussi à lacer correctement mes lacets pour éviter que le souci d’ampoules ne se reproduise. Quarante minutes plus tard, je repars avec les pieds de Toutânkhamon direction le dortoir.

La sieste est de courte durée, le dortoir est surchauffé. Je finis pas me réveiller avec une envie de pisser incontrôlable. Je sprint jusqu’aux toilettes et là l’arrosage automatique se met en route avant que j’ai le temps de fermer la porte.

Soulagé, je me remets en route pour attaquer cette 3ème journée. Les pieds me font horriblement mal. Je m’étais habitué à la douleur de la cloque à un endroit localisé, mais les straps modifient les tensions sur le talon et donc l’endroit où je ressens les douleurs. Il faut 2h pour apprendre au corps cette nouvelle douleur afin qu’il décide de l’ignorer comme il l’a fait pour la précédente. En parallèle, cette 3ème journée s’ouvre sur des vues magnifiques sur un lac et un glacier, ce qui répond assez bien à pourquoi je suis là.

Jour 3

Je vous avais laissé dans la montée avec des vues magnifiques sur lac et glacier, je suis toujours dans cet environnement, ce qui me fera dire à la fin de la course que cette journée à probablement été la plus sympa de toutes en termes de paysage.

Le premier ravito de la journée est bien fourni : pancake, charcuterie etc. On me propose un tas de choses que je décline avant d’expliquer que je suis vegan même si c’est très sympa je ne mange pas toutes ces choses. Jusqu’à présent ça s’est très bien passé de ce côté là, mais aujourd’hui je tombe sur le relou de service. Il commence à me faire ce que l’on appelle le bingo vegan, à savoir tous les a priori qui n’ont aucun sens. En temps normal, j’y vais frontalement mais aujourd’hui j’ai pas d’énergie à perdre alors je me casse.

Dans la montée, je discute un peu avec Alexandre qui deviendra rapidement un copain de ravito. Il grimpe bien plus vite que moi par contre ses pieds et son niveau technique font que je le reprends à chaque descente.

Arrive le ravitaillement d’Evolène qui ne m’a pas spécialement marqué, je n’ai aucun souvenir, si ce n’est que Mathilde me dit que l’on ne se revoit pas avant la base vie un bon 7-8h plus tard. Mais c’est un mensonge ! En arrivant au ravitaillement de Chemeuille en pleine montagne, je vois mes parents, Mathilde et un chien m’accueillir. Ils sont venus en télésiège (sauf le chien) ! A savoir que ma maman déteste le concept même de télésiège sauf que Mathilde avait malencontreusement parlé de télécabine… une fois arrivée à l’aire d’embarquement, ma mère était trop engagée dans l’idée de venir me voir pour faire demi-tour. Bref je ne suis pas le seul à avoir été au-delà de mes capacités mentales sur cette course.

Au ravitaillement les bénévoles qui ont l’air de bien connaître le secteur nous parlent d’une descente ultra technique, que les meilleurs mettent 5h, les moins bon 9h. Avec Alexandre qui m’a rejoint au ravito on écoute, on prend le temps de manger et de beaucoup boire car on n’a pas la capacité de porter de l’eau pour une étape aussi longue. Quand je redécolle du ravito, je fais les maths et je me dis que c’est impossible de mettre 5h pour faire une descente aussi technique soit-elle. Arrivé en haut de la bosse je regarde le chrono et je me jette dans la pente, 1h20 plus tard je suis en bas… bilan ne jamais faire confiance sur les temps annoncés par les bénévoles.

S’ensuit une longue partie de plats et faux-plats descendants. Je cours, sans non plus me mettre en surrégime. Alexandre me rejoint à l’attaque de la bosse. Il a envoyé du 4’45 min/km là où je devais péniblement être à 6’30 min/km, on avance vraiment à des rythmes très différents sur cette course. Je crois qu’il est temps de vous faire rapidement le profil du garçon. Il habite en Haute Savoie, à 1000m d’altitude au-dessus de son taff. Tous les jours il va et revient du taff en courant, soit 1000m de D+ au quotidien d’où ses bonnes cannes en montée. Il aime tellement courir pour aller au taff qu’il a troqué sa voiture de fonction contre un deal avec ses patrons pour qu’ils financent ses chaussures de course à pied pour les aller-retour au travail. En dehors de ses commutes pour aller au boulot il ne s’entraîne quasi pas et consacre du temps à sa famille. En ultra il n’y a définitivement pas une bonne façon de s’entraîner mais des dizaines.

Dans la montée on se regroupe avec Alexandre et un troisième coureur avec qui on se lance dans un long blablarun. Ça commence sur le cyclisme, on se remémore tous les tours de France depuis l’époque Armstrong. On parle de nos héros et de nos anti-héros. Alexandre est fan de Pantani au point d’avoir des biographies de lui en italien. Le second coureur, dont j’ai oublié le nom, lui collectionne les maillots de cyclisme molletonnés de l’époque. “Nom inconnu” nous explique aussi qu’il a passé 9h à la dernière base vie suite à un problème intestinal assez énervé, et qu’il va abandonner à la base vie suivante, car il ne peut plus faire la course sous les 110h il n’y trouve plus d’intérêt. Je trouve ça dommage, mais en même temps faire encore 180 bornes si tu n’as pas la motivation ça semble être compliqué.

L’arrivée sur la base vie Thyon paraît interminable. On croise un refuge que l’on pense être notre destination, mais il nous reste encore 3 km à faire en slalomant derrière les pare-pierres.

A la base vie je prends le temps de manger et j’ai envie d’aller me coucher. J’arrive à dormir seulement une vingtaine de minutes, mais je pars très loin au pays de Morphée, le retour sur terre est compliqué. Quand je redescends dans la salle principale, il y a 2 personnes avec mes parents et Mathilde. Je les regarde mais rien ne se passe dans mon cerveau. Mathilde me demande si je les reconnais. Mes yeux s’ajustent, il me faut bien 5 secondes pour que les fonctions de reconnaissance faciale se mettent en route : Xavier, Anaïs !!!!!!!!!!!!!!!

La raison pour laquelle je ne m’attendais pas du tout à les voir là, c’est que je ne les ai croisés qu’une seule fois lors d’une sortie vélo avec une amie en commun, Clémence. Pendant ce tour de bicyclette, on avait discuté des vacances et ils m’avaient dit qu’ils seraient en Suisse à la fin de l’été. J’avais lancé comme une blague le fait qu’ils pourraient venir me supporter sur la SwissPeak et ils avaient dû répondre un truc à base de peut-être, assez générique. Là on est 3 mois après cette discussion en vélo et lors d’une rando ils ont vu les fanions de la SwissPeak, ils se sont rappelés que j’étais sur la course et à l’aide du suivi live ils ont vu que je n’étais pas loin d’eux, ils ont donc fait le détour par la base vie. Très chouette surprise ! Mathilde est un peu obligée de me botter les fesses en dehors du ravitaillement sinon je serais bien resté 30 min à faire la causette plutôt que d’y retourner.

La route jusqu’à Tortin se passe bien. Au ravitaillement, il y a trois mecs d’un certain âge avec un accent bien tranché du Valais. Ils sont super sympa, ils s’intéressent beaucoup à la course, j’ai du mal à y passer moins de 15 min. Je me fais violence pour en repartir. S’ensuit

une montée bien technique pendant laquelle je remarque que les fanions que l’on suit normalement : rouge avec une bande réfléchissante grise, n’ont plus que la bande réfléchissante. Sur 3km les vaches ont mangé 100% des fanions qu’elles ont vus. J’apprendrai plus tard que les fanions sont faits en maïs donc ne sont pas trop toxiques pour nos amis les bêtes, et elles les adorent. Il n’en reste pas moins qu’au prochain point de ravitaillement je signalerai le souci de balisage, car la nuit avec la partie réfléchissante aucun souci, mais en journée trouver son chemin dans un pierrier quand la seule couleur visible est : gris, c’est un autre niveau de challenge.

L’arrivée au sommet est fraîche. Je suis en sueur après l’effort dans la montée, sauf que là haut le programme change à base de brume et de rafale de vent. S’ensuit une descente super raide et de la chaleur intenable en fond de vallée. Je n’ai plus d’eau car j’ai eu la bonne idée de me renverser un demi litre de coca dessus. J’arrive à Lourtier complètement sec et poisseux mais content de voir que ce ravitaillement à plutôt l’étoffe d’une base vie et ça tombe bien car j’ai vraiment besoin de dormir. Je recroise Pierre, un coureur tourangeau avec qui on a évolué à +/- 1h depuis le début de la course. Pendant que je pars à la sieste, mon père a le sourire jusqu’aux oreilles car ce ravitaillement sert des raclettes aux accompagnateurs.

Je me réveille après plus de 2h de sieste, j’ai cumulé plus de sommeil sur cet arrêt que tous les arrêts précédents cumulés, je me sens requinqué. Dans la salle de vie, je recroise Alexandre, Héloïse, l’italienne et son copain, bref un peu tous les gens avec qui j’ai couru depuis le début. Je suis bien dans le confort de ce ravito, j’ai envie de discuter mais encore une fois Mathilde la timekeeper, me pousse gentiment vers la sortie pour que je me remette en route.

Assez rapidement, je reviens sur Héloïse. On prend des nouvelles l’un de l’autre car 48h sont passées depuis le premier tronçon que l’on a fait ensemble. La route est longue, je décide donc de “perdre” quelques minutes en montant en duo plutôt que tout seul mais le temps passe 10 fois plus vite et nous voila déjà la cabane Brunet au petit matin. On pousse la porte, il fait chaud et on va s’arrêter là pour aujourd’hui.

Jour 4

C’est la journée un peu ventre mou de la course. On est trop loin du départ pour avoir de super jambes pour avancer, mais on est toujours trop loin de l’arrivée pour lâcher les chevaux pour le sprint final.

Après la cabane Brunet, le relief s’aplanit et permet de courir. Je me retrouve dans le même rythme que James, un anglais que j’ai croisé à plusieurs reprises depuis le début de la course sans jamais avoir le temps de vraiment discuter. Il est sur le 660 km, mais avance aussi vite que moi, ce qui nous permet d’entamer une bonne discussion. J’avais un doute sur ma capacité de parler en anglais vu mon état de fatigue mais a priori celà n’a pas été gênant. Comme d’hab on parle de la course, de course à pied en général puis on switch complètement de sujet et pendant 1h on se retrouve à parler business, impact de l’IA sur nos métiers respectifs et je suis épaté que l’on arrive encore à dire des trucs malins après 70h de course.

A l’attaque de Mont Brûlé, James en remet un coup, moi je préfère faire des selfies avec des trous de marmottes. Au sommet je m’accorde même une pause de 15 minutes pour prendre mon deuxième petit déjeuner et me préparer mentalement au 1800m de D-. Puis vient le moment de se lancer dans la pente. Rien n’est fluide. J’ai les pieds bien trop gonflés dans mes Salomons. Personne devant pour me tirer, personne derrière pour me pousser au cul. Le seul truc qui me motive vraiment c’est que j’ai passé une commande de nourriture à Mathilde et que je sais que des gnocchis m’attendent au ravitaillement. Une bonne heure plus tard, j’arrive enfin à la route et je pense “délivrance” ! mais non, le traceur à fait une blague: on ne suit finalement pas la trace, on contourne la ville, puis on doit grimper pour aller au ravitaillement, le tout sur une route avec du macadam en train de fondre.

Je rêve de m’allonger, les pieds nus dans l’herbe. J’ai Mathilde au téléphone qui me dit que le ravitaillement est urbain et que l’herbe il faut garder ça pour les rêves. Je finis tant bien que mal à y arriver, je retire mes chaussures et laisse mes pieds respirer, pendant que je m’avale une portion de gnocchis soi-disant pour deux personnes. Je change de chaussures pour plus de confort pendant que l’on me décrit la suite du parcours : une petite montée sympa en lacet dans la forêt. Parfait !

Je me remets en route. Un chien essaie de m’attaquer. J’arrive au pied d’un chemin forestier qui tire tout droit où il est indiqué 30%… sympa les lacets. Je monte et soudainement la gestion des gnocchis se fait sentir et la fatigue m’envahit, à tel point que j’écris à Mathilde que je m’arrête pour dormir, mais ça ne fonctionne pas. Alors je reprends la route qui nous emmène à Champex Lac. J’essaie d’y boire un café dans un des bars sur le chemin mais vu l’accueil désagréable de la tenancière, je continue mon chemin toujours à moitié endormi sur mes bâtons. Aux grands mots les grands remèdes. J’avale un gel qui doit contenir l’équivalent de 10 cafés et je lance ma playlist des vocaux d’encouragement.

Ça commence par la série des vocaux d’Olivia, qui a dû en faire une douzaine. J’ai l’impression de me faire engueuler à chaque fois, impossible de vouloir dormir sous les ordres de coach Olivia. S’ensuit un très étrange mais efficace vocal de Tim, qui me sort de la course et m’emmène à une soirée draft fictive avec les copains dans laquelle je drafts rouge/noir. Le sommeil commence à passer, je continue la playlist de vocaux dans des styles très différents qui me font un bien fou. Merci à tous ceux qui ont participé vous m’avez vraiment sorti d’un mauvais état d’esprit.

Arrivé au bout de la playlist je suis rattrapé par Cyrill, un suisse Allemand avec qui je sympathise rapidement. De nouveau en anglais, on fait du blablarun tout en montant la fameuse fenêtre d’Arpette. Cyrill me parle notamment de son expérience en course de fixie, en gros des vélos sans vitesse, sans frein lancé à 40 km/h en milieu urbain où il faut régulièrement faire des virages à 90° et où si ta pédale touche le sol tu décolles à 5m de là. Un truc marrant à regarder pour moi, mais noway que je m’y teste.

La fin de la montée est un énorme pierrier bien technique à monter et sur le versant opposé c’est la même chose pour la descente. Le truc chouette c’est que la vue est magnifique sur le glacier, j’ai aucun mal à faire des pauses pour prendre des photos plutôt que de m’énerver dans la pente. Toutes les bonnes choses ont une fin, je sors de ce tas de cailloux pour arriver sur une section presque plate et très courable. On suit un ruisseau qui a été canalisé par les anciens pour l’irrigation jusqu’au col de la Forclaz en contrebas. Les jambes peuvent dérouler, nous n’avons pas eu de section aussi plate depuis le début. Arrivé au ravito, l’envie de dormir me reprend. Il n’y a pas vraiment d’endroit pour dormir. Je suis tout terrain, je m’allonge dans mon duvet entre 2 tables au milieu de la cuisine sur un petit matelas. Il y a un brouhaha, ce qui ne m’empêche pas de fermer les yeux en moins de 4 min.

La dernière partie de la journée se passe sans me laisser une impression impérissable. Le seul objectif est de rejoindre la base vie de Salvan pour y faire un vrai somme. Quand j’y arrive Mathilde me dit qu’il ne faut pas compter sur le fait d’écrire aux copains car c’est un vrai bunker et que le réseau ne passe pas. Je prends ça comme une formule imagée pour dire que l’on est dans un local enterré fait en béton. Il fallait bien prendre la formule au premier degré car nous sommes hébergés dans un bunker de l’armée Suisse, avec des portes qui pèsent chacune plus lourd que ta Clio. L’équipement est spartiate, les lumières s’allument automatiquement quand quelqu’un passe dans le dortoir, que tu es obligé de traverser pour aller voir le podologue, bref le confort à l’état pur.

Je me rends d’ailleurs chez la podologue histoire qu’elle me greffe une nouvelle paire de pieds. Comme à la base vie précédente elle prend des photos de mes pieds et trouve intéressante l’ampoule dans l’ampoule, sans pour autant que cela ne la choque. Une fois retapé, je vais m’allonger et je tombe dans une sorte de coma. Je me réveille plusieurs fois avec l’envie de me lever mais aucun membre ne répond alors je redors. Finalement après 5h dans la base vie je me fais violence, je me lève, j’avale un truc et je me remets en route.

A cause du mauvais temps, le parcours est modifié. Mathilde m’informe qu’on lui a dit que l’on allait gagner 2h car à la place de monter la montagne on allait la contourner par la base. Deux heures plus tard et 1000m de D+, j’ai l’impression que encore une fois l’info donnée par le bénévole n’était pas tout à fait juste. Le jour se lève et commence à se faire rincer, mais ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend…

Jour 5

On reprend donc dans la montée vers Salanfe. Le ciel est gris, il pleut à bon rythme. J’ai trouvé mon allure et je remonte des concurrents 1 à 1. J’arrive au ravitaillement dont je n’attends pas grand chose et je suis très agréablement surpris. Pour commencer ils ont un chauffage de chantier, qui permet un de ne pas avoir froid, deux de pouvoir sécher nos vestes de pluie qui dégoulinent tellement elles ont pris la flotte. Le ravitaillement est bien fourni : pizza sortie du four, patates fraîchement cuites et bien d’autres choses. Nous sommes 2-3 coureurs à prendre le temps de bien nous ravitailler, vue la météo nous savons que la section à venir va être compliquée. Après avoir avalé 6 patates, je fais le choix de rester en t-shirt et veste afin de ne pas tremper mes affaires chaudes si je venais à en avoir besoin.

Trois, deux, un, on se relance. Dehors, il vente fort, il pleut très fort. Le tracé contourne le lac sur du plat. J’en profite pour mettre un peu de rythme et avaler ces kilomètres “gratuits”. Arrivé au pied de la bosse, je décide de ma stratégie qui sera : monter autour du seuil (un rythme assez rapide qui n’est pas tenable plus d’une heure mais qui me permet de générer beaucoup de chaleur). J’imprime le tempo le plus important depuis le début de ma course et rattrape naturellement plusieurs coureurs. Je connais exactement l’altitude du sommet et je gère mes ressources énergétiques en fonction. J’aimerais informer l’équipe qui me suit que tout va bien, mais impossible de sortir le téléphone dans ces conditions et de toute façon ici il n’y a pas de réseau. L’idée est de continuer sur un tempo soutenu et de toujours avoir la capacité d’accélérer dans les parties fortement exposées que je vais trouver au sommet. Le chemin devient technique. Les torrents qui devaient faire 30 cm de large 4h plus tôt font maintenant 4 m. Impossible de garder les pieds au sec. L’objectif est de rester debout, de ne pas glisser en traversant ces cours d’eau. Plus que 100m de D+, le vent forci, c’est le moment de cramer une cartouche. Derrière cette expression vient l’idée que l’on a les ressources mentales et physiques pour quelques fois dans l’année, deux ou trois, nous pouvons aller au-delà de notre zone de confort. Je crame la cartouche, un peu comme l’étoile dans Super Mario j’ai un booster qui m’emmène au sommet en quelques minutes, pas le temps de faire des photos il faut basculer.

J’attaque la descente et je fais face à un problème que j’avais anticipé : le froid. Courir en descente demande beaucoup moins de ressources physiques. Je ne génère plus assez de chaleur pour me réchauffer. J’essaie d’ouvrir une pom’pote avec mes mains mais je n’ai plus de force, je finis par planter mes crocs dans le plastique pour arriver à l’ouvrir. Je suis focus à 100%, au point où je me parle à voix haute pour m’encourager, me rassurer. Mon dialogue interne est extériorisé, mon attention est à 100% portée sur l’objectif. Je sais qu’il faut que je regagne de la chaleur très rapidement. Je fais l’inventaire de mon sac : seconde couche, buff, veste chaude, pantalon de pluie. Je visualise où chaque objet se trouve et vient le moment. Je vois un rocher qui me protège un peu du vent. C’est parti, je retire ma veste qui me protège et qui couvre également mon sac à dos. J’ouvre mécaniquement le sac. J’attrape la seconde peau. Je l’enfile. La même chose avec le pantalon de pluie et un buff. Je referme le sac le plus rapidement possible. Je le remets sur mon dos. Je remets la veste. Capuche, zip à fond, buff sur le nez. Il s’est passé une minute, j’ai perdu encore plus de chaleur mais je peux maintenant continuer sereinement, j’ai évité l’hypothermie.

Je reprends la descente là où je l’avais laissée. Je croise 2 ou 3 grappes de randonneurs, bien équipés contre la pluie, mais qui ont tout de même l’air de prendre tarif. Puis au bout de 10 minutes vient la délivrance : un refuge inattendu. Je rentre et je retrouve Alexandre en compagnie d’un autre coureur. Ils viennent d’y passer 20 minutes et s’apprêtent à repartir. De mon côté, je mets mes affaires à sécher. J’enfile ma veste chaude pour regagner de la chaleur et surtout je commande un café. Le corps met tellement de temps à récupérer de la section précédente que je reprends un café. Ça me laisse le temps de faire le point et me dire que ça fait probablement partie de mon top 3 des moments les plus compliqués que j’ai eu à vivre en montagne. Je pense aux gens moins rapides et/ou moins en forme qui vont passer derrière nous et je me demande si l’organisation est au courant de l’enfer que c’est là-haut.

Quand je redécolle ma veste de pluie à presque 0,5 kg d’eau. La descente continue vers le fameux Pas d’Encel, un endroit réputé vertigineux et technique. Certes, il y a des chaînes et du vide à droite, mais en comparaison à ce que j’ai vécu là-haut ça me semble être de la rando toute mignonne. J’avance tranquillement jusqu’à la Balme avec pour seul fait de course un patou qui terrorise le coureur devant moi qui se retrouve bloqué au milieu du chemin. Je n’ai pas le temps pour ne pas être ici, j’indique au coureur que osef du toutou, je coupe le lacet à travers la pente. Au début, ce coureur n’est pas très motivé pour me suivre droit dans la pente. Au final, la perspective de se faire croquer un mollet par médor l’invite à m’emboiter le pas.

Au ravito de la Balme tout se passe bien jusqu’à ce que mon papa, parti chercher de la nourriture dans le van, revienne en nous expliquant que le van s’est refermé avec les clefs dedans. De mon côté, je me trouve très zen sur l’annonce de la nouvelle. Mathilde est un peu moins réjouit à l’idée de devoir se lancer dans une quête annexe, mais après un coup de “ça fait trop chier”, elle revient à ce qu’elle sait : prendre les choses calmement, ne pas s’énerver. Je les laisse au ravito et je leur dis : “à je sais pas quand”. Un truc qui joue en leur faveur est que l’organisation a annulé le ravito de Chaux Palin, ils ont donc 5h pour résoudre le problème plutôt que les 2h30 prévues sur le programme initial.

Pendant que j’avance, Mathilde me fait suivre le feuilleton : centrale généralisée en Suisse pour étourdis oubliant leur clef dans le véhicule, garage qui les contact, intervention du garagiste, 45 min de tests échecs tests échecs tests DELIVRANCE les clefs ont été récupérées en échange d’un petit billet et d’un peu de peinture rouge sur la carrosserie blanche. Pendant ce temps je prends des photos avec des statuts d’ours, j’avale les kilomètres tranquillement jusqu’au moment où je commence à faire des maths pour m’occuper. Après quelques multiplications et divisions j’arrive à la conclusion que je peux finir la course en moins de 110h. Alors je relance, je relance, je relance. Je finis par arriver à la base de vie de Morgins tellement en avance que Mathilde et mes parents n’ont que quelques minutes d’avance sur moi pour préparer le ravito.

Quand je parle à Mathilde de mon plan de 110h elle me fait remarquer que j’ai mal calculé et que c’est quasi impossible d’arriver dans ces temps. Mon plan passe donc de rusher la base vie à prendre mon temps pour me retaper afin d’affronter la dernière nuit. Je retourne voir mes copains les kinés et podologues qui font encore un travail extraordinaire. Côté kiné, ma jambe ne peut plus fléchir plus de 30° quand j’arrive sur la table, je repars avec plus de 100° de flexion après les massages et manipulations. Quant au podologue, il surpasse ses collègues qui avaient déjà été très bons. Je finis cette pause en avalant un maximum de calories puis il est temps de repartir affronter la nuit.

L’étape jusqu’à Conche me semble ultra facile. Je fais un ravitaillement assez rapide en compagnie de Mathilde et de mes parents. Ils m’indiquent que Héloise à 10 min d’avance sur moi. Je repars droit dans la pente. Quand j’arrive sur les hauteurs la brume s’est posée et la navigation devient compliquée. Les bandes réfléchissantes de fanions ne réfléchissent plus du tout avec l’humidité ambiante, contrairement aux bandes réfléchissantes des poteaux de ski qui ont tendance à nous diriger hors de l’itinéraire. La progression se fait donc en marchant le nez sur le GPS de la montre. A la sortie du pâturage, j’arrive sur une partie technique et probablement vertigineuse de jour. De nuit je me rends juste compte que je suis à la même hauteur que la cime des arbres de chaque côté ce qui donne une idée de l’inclinaison absurde de la pente. Pendant toute cette section j’ai en tête le décès du coureur sur le trail du Haut Giffre. J’y vais donc très tranquillement, quitte à avoir l’impression de ne pas avancer, mais arriver en un seul morceau me semble être plus prioritaire.

Je repasse dans une partie moins technique, au balisage flou. Je finis par apercevoir une frontale en contrebas, probablement Héloise. Je décide de mettre un petit coup d’accélérateur pour essayer de la rattraper et ça fonctionne. Au détour d’un lacet je l’interpelle pour lui demander si elle veut que l’on continue ensemble. Elle me répond positivement et attend 2 min que je la rejoigne. S’ensuit un très long blabla run pendant lequel on a largement le temps de parler de sport, de boulot et d’autres choses de la vie. Nous avançons à un rythme peu soutenu, mais la présence de l’autre fait passer le temps bien plus vite. Nous passons le Chalet de Blansex et ses bénévoles très sympas et bien ambiancés avec du son. Nous continuons le jeu de piste avec les balises qui est bien plus facile car Héloïse à déjà fait 2 fois la SwissPeak. Nous arrivons à Taney, où les bénévoles sont connus pour leur croûte aux champignons. Encore une fois les bénévoles sont au top. Il est 3h du matin, je crois qu’ils sont aussi contents que nous de voir du monde.

Je commence à avoir froid, j’informe Héloïse que je vais devoir la laisser dans la descente pour aller plus vite afin de me réchauffer. Nous nous disons au revoir et à une prochaine. Je pars dans cette p***** de descente technique. Je m’explose les pieds une dizaine de fois contre des cailloux, car la nuit tous les cailloux sont blancs. La descente est interminableeeeeeeeee. Heureusement je croise deux bouquetins qui me regardent comme suspendus à la montagne au milieu de cette nuit noire. Je prends 5 minutes pour essayer de les photographier mais le téléphone n’a pas assez de lumière, je grave donc l’image dans ma tête et je ne pourrais pas vous la partager. Je vois enfin des frontales au loin. Je les rattrappe, il s’agit de Cyrill et Denise avec qui j’ai un peu couru les jours précédents. Je m’attends à ce que le ravitaillement soit là, maintenant, mais non. Ma frontale principale n’a plus de pile, par flemme je sors celle de secours qui éclaire très moyennement. Je passe donc 2 km dans la forêt à ne rien voir et à pester contre ce ravito planqué.

Dernier ravito, dernier changement de chaussure, dernier bricolage des pieds, dernière montée. Je suis sur un petit nuage, je chante à tu tête. Arrive l’ultime descente et là j’en ai marre. La première partie n’est pas coupable, il y a des cailloux partout. Il reste moins de 10 km et je suis parti pour mettre plus de 2h. J’ai envie de m’asseoir sur le bord du chemin et d’attendre un hélico pour rentrer. Puis arrive ce message de Clémence qui dit qu’il faut que j’accélère pour arriver avant qu’elle ne commence le taff pour qu’elle puisse suivre l’arrivée. C’est con mais ça me donne un nouvel objectif et je déroule la descente. Je fais un sprint avec une collégienne qui va attraper son bus. Je suis enfin en ville. Mathilde m’évite une ultime erreur de parcours. J’entame le sprint final pour faire plaisir à Benjamin et c’est fini ! Je viens de faire un truc qui me semblait encore complètement fou il y a une semaine, mais ma première préoccupation est de manger, la seconde d’attendre l’arrivée d’Héloïse pour être sûr que tout s’est bien passé pour elle.