Infinity Trail Terrils 2024

Me revoilà avec un Infinity Trail, pour ceux qui n’avaient pas suivi l’épisode 1 c’était il y a 2 ans à Pavilly et j’avais écrit cet article. Pour ceux qui ne connaissent pas et ont la flemme de lire le résumé est simple on tourne en rond sur 6,5 km jusqu’à ce qu’un seul concurrent soit en lice.

Les highlights de Pavilly avaient été : 

  1. Devenir jaune après avoir trop mangé
  2. Me fouetter les jambes avec des orties pour rester réveillé
  3. Ouvrir ma chaussure avec un couteau car ça frottait trop

Histoire de ne pas faire refaire les mêmes erreurs j’avais prévu les contre mesures :

  1. Manger quand j’ai faim, ne pas manger si je n’ai pas faim. Ouai, ouai, ça peut sembler évident écrit comme ça, mais quand on sait que pour faire tourner la machine 24h il faut du carburant régulièrement il est facile de tomber dans l’excès du trop.
  2. Faire des micros siestes de 5 min et prendre des gels à la caféine qui valent chacun ta consommation hebdomadaire de café.
  3. Acheter des chaussures à sa taille. Sachez qu’à 36 ans, il n’est pas trop tard pour se rendre compte que l’on prend depuis toujours des chaussures 1 à 2 tailles trop petites … 

Je ne vais pas vous refaire la description de la course tour par tour comme la dernière fois, ça manquerait d’imagination et surtout je n’ai pas bien pris mes notes pour me permettre de le faire correctement, mais on va découper la course en 2 parties : Avec le copain Louison, Sans le copain Louison.

Avec le copain Louison

Pour commencer, il faut faire les présentations. Louison est un ami parisien, beaucoup trop influençable qui dit oui à tous les projets à la con : 

  • S’inscrire à son premier trail de nuit, dans le froid, l’hiver [check]
  • Aller courir 2 jours en montagne alors qu’il n’a jamais fait de dénivelé [check]
  • Faire son premier triathlon en format L alors qu’il n’avait pas fait plus de 50 km de vélo consécutifs 3 mois avant avec pour seul argument de ma part L c’est la première lettre de Louison c’est forcément un signe [check]
  • Revenir de Paris à Tours en vélo en une journée [en cours de réalisation]
  • Bien d’autres à venir…

Le plan de base, c’est essayer de tourner en 52 min la boucle. La première boucle devant nous servir à prendre les premiers repairs chronométriques et visuels. On commence donc notre balade avec Louison à l’avant du peloton afin de ne pas être bloqués dans la première montée qui arrive vite. Après 200 m, tout le peloton part dans la mauvaise direction et certains coureurs nous disent que nous nous sommes trompés de route. Nous les contredisons avec pour argument que nous suivons les balises et pas eux. Ils réalisent que c’est plutôt eux qui sont sur la mauvaise route…  Les vétérans répondant à leur réflexe pavlovien avaient repris le tracé de l’année passée, modifié cette année pour cause d’inondation.

Nous voilà donc en tête d’une course où ça n’a aucune importance d’être en tête. Nous savourons le moment tout en attaquant la montée du terril. La pente est parfaite, nous prenons un peu de hauteur sans avoir à se cramer les muscles, ce qui est important quand on a prévu faire la grimpette plusieurs fois. Au sommet, vue à 360°, ça ne vaut pas les Alpes mais c’est toujours 2 fois plus haut que ce l’on trouve par chez moi en Touraine. D’ailleurs je crois qu’il y a du charbon pas loin de chez moi si des gens veulent creuser pour vérifier…

Nous attaquons ensuite la descente du terril avec des escaliers en bois, assez glissants quand il pleut, heureusement il ne pleut pas souvent dans le Nord (attention la team second degré il y a des traces d’ironie). Il y a l’option d’éviter l’un des escaliers en prenant un toboggan et le Guillaume de 4 ans et demi à trouvé ça très cool. La suite de la boucle consiste ensuite en une série de chemins avec plus ou moins de boue. Avec Louison nous nous sommes fixés la règle : boue = marche. La raison principale c’est que sinon on se salit et ce n’est pas cool. L’autre raison c’est que la boue ça glisse, ça fatigue les muscles stabilisateurs et nous en aurons besoin dans quelques boucles alors nous les économisons.

Longueeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee ligne droite. Nous courrons encore un peu après et là le champ de boue niveau avancé avec un passage avec 20 cm de boue, les chaussures collent et sont aspirées vers le centre de la terre. Petite anecdote rigolote, au tour 29 un gentil promeneur me préviendra que le sentier n’est pas du tout praticable selon lui, jusqu’à ce que je lui explique que je suis déjà passé 28 par ce même chemin 🙂A ce stade du tour nous avons tellement d’avance que nous marchons  jusqu’au camp histoire d’être dans les meilleures dispositions pour manger. 

Comme la première boucle s’est bien passée nous décidons de reprendre la même stratégie pour les 14 suivantes. Au tour 6, mes intestins se rebellent au motif que trop de fructose trempé dans les chips c’est dur à digérer. Je me retrouve à devoir interpeller une passante pour récupérer des mouchoirs et faire un arrêt au stand peu sympathique. Après tractation avec le syndicat du transit nous trouvons un accord et il cesse toute manifestation jusqu’à la fin de l’épreuve.

Pendant ce temps là sur Radio Louison je profite d’une multitude de programmes divers : la stratégie à Balatro, les animés à ne pas manquer, le boulot c’est rigolo. A partir de la boucle 12h, soit vers minuit, Radio Louison cesse de diffuser. On passe sur Radio Guillaume avec une programmation moins fournie avec des grilles plus accès sur la motivation et la stratégie des petits pas. 

Tour 14, le corps de Louison essaie de lui faire une blague en disant que c’est fini. On lui fait un câlin en lui disant que oui c’était rigolo mais qu’on est pas là pour pas être ici et qu’il aura toute la journée du lendemain pour faire des blagues s’il veut. Le tour se finit en découpant le parcours en petits bouts. Dès que Louison veut marcher, je rajoute 10 m de course au prétexte que le prochain arbre à l’aire quand même vachement plus cool pour s’arrêter. On a l’impression d’être lent, mais on arrive au camp sous le 52 min, notre objectif de base.

Tour d’honneur pour Louison qui est en passe de réussir son super défi de passer les 100 km. Nous passons un deal tôt dans la boucle, je nous mets sur les allures pour qu’en le laissant à 2/3 de la boucle il puisse finir 100% en marchant s’il souhaite, pendant que je continue sur le rythme habituel afin de pouvoir : manger / dormir.

Sans le copain Louison

Le seul avantage que je tire de l’arrêt de Louison est que je récupère sa frontale. En effet, à une semaine de l’événement j’ai découvert que ma frontale principale était cassée. J’ai pris ma frontale secondaire et des piles qui ont probablement mal supportées d’être stockées tout l’hiver dans le froid, résultat j’avais pour éclairage une veilleuse pour enfant, assez peu pratique pour courir en descente ou anticiper la boue. 

On est en plein milieu de la nuit, mon corps ferait bien une sieste de 2 jours. Pour contrer ce réflexe naturel je décide de mettre un peu plus d’allure pour me tenir éveillé. Musique à fond dans les oreilles j’enchaîne les tours vers 44-45 min. Je perds un peu en lucidité. J’en ai pour preuve le ratage de balise qui me fait faire 200 m de détour pour reprendre la trace ou cette note prise au 18ème tour “dommeispeint final” pour laquelle je n’ai aucune idée de ce que j’ai voulu communiquer à mon moi du futur.

Le soleil se lève et avec lui la partie du crew qui était rentré à l’appartement faire une sieste nocturne. A ce stade, j’ai encore 100% de motivation dans la tête, 0 douleur musculaire ou tendineuse, je me dis que sauf blessure les 30 boucles sont à portée de main. Alors on répète encore et encore : 15 secondes avec le départ donner la veste à Mathilde, 5 secondes avant allumer la musique, départ rapide pour me mettre dans un rythme, 2 km de course, puis alternance de marche course jusqu’au camp, s’allonger jambes en l’air, manger ce que le corps demande et repartir.

Interlude culinaire, big up à ma maman avait préparé moulte nourriture à base des cakes salés, du riz au lait, de la purée, divers gâteaux. Si on ajoute à ça la soupe, chips et compote on était pas loin d’égaler le Routier du coin. 

Pour m’occuper, vers le tour 22, je commence à échafauder un plan pour le dernier tour. Un plan assez complexe à base de partir à fond, accélérer et finir au sprint. Pour ça je décide que le tour 29 sera un tour calme à la fin duquel je me gaverai de sucre avant de lancer toutes mes forces dans la bataille. Au tour 26, les premières douleurs apparaissent. J’essaie d’y aller mollo afin de bien réussir l’objectif de base à savoir 30 boucles, mais comme je suis un peu idiot quand vient la boucle fatidique je mets quand même mon plan à exécution. Ce n’est pas le tour le plus confortable que j’ai pu faire, mais le fait d’avoir un nouvel objectif secondaire me donne assez d’énergie pour terminer ma boucle en 35 min soit presque 10 de moins que les précédentes. Sprint final, l’équipe est sur la ligne d’arrivée, je leur fais signe de s’écarter un peu car j’ai décidé de faire une arrivée à la Zach Miller pour les connaisseurs.

Voilà, c’est fini, c’était bien. C’était fatiguant mais bien moins dur qu’à Pavilly il y a 2 ans. Ça m’a clairement donné envie de venir réellement tester mes limites sur ce genre d’épreuve. La prochaine fois que je m’inscris sur un Infinity Trail, je n’aurai pas de limite en tête et c’est la course qui devra m’arrêter.

Interlude musical cette fois pour l’assistance. Je le répète à chaque fois mais mille mercis à Mathilde, Brunelle, Magali, Christophe, Chantal. Que ça soit purement logistique : remplir les gourdes, faire à manger, passer 1h30 pour trouver de la soupe ou sur le plan mental avec les encouragements, rappeler de ne pas oublier son dossard, sa frontale à chaque boucle.

Les jours d’après

Pour bien récupérer de cet événement, le lendemain levé à 5h30, départ à 8h direction Lille pour le semi marathon où notre pote Clémence était là pour faire un temps de référence sur l’épreuve. Tout comme l’équipe d’assistance la veille on a bien profité de la météo locale sous nos capes de pluie. Etonnamment les jambes ne grincent pas trop, j’ai même pu suivre Clémence quelques centaines de mètres pour l’encourager sur le dernier kilomètre, avant qu’elle ne s’envole vers un beau chrono.

Maintenant c’est le moment du repos. On reste actif en allant faire les courses à pied. J’espère pouvoir me remettre à courir sous 15 jours, le prochain objectif étant la traversée du massif central début mai, il va falloir reprendre l’habitude de monter quelques bosses.

Guillaume