Voyage nordique sous le soleil de minuit
Ces dernières années, avec les mesures COVID, Guillaume et moi avions adapté nos vacances, ce qui nous a permis de découvrir des coins de France en vélo et en rando (de très belles expériences, et il en reste beaucoup d’autres à vivre !) et de réduire drastiquement nos trajets en avion.
Mais j’avais envie de changer de pays pour évoluer, même très brièvement, dans une autre culture. Pour élargir mon horizon. Et nous voila avec un projet de 2 semaines en Laponie, en avion à l’aller et train au retour, pour randonner.
Au final, ce sera 2 semaines et demie entre la Laponie et Stockholm, aller-retour en avion (on s’y est pris trop tard pour le train…).
Ce voyage m’a laissé une impression très forte. En voici quelques bribes.
Le jour polaire, ou quand le soleil ne se couche jamais
A partir de début juin, au nord de la limite du cercle polaire, le soleil ne se couche plus pendant environ 1 mois et demi. Il fait un cercle dans le ciel : nord à minuit, est à 6h, sud à midi et ouest à 18h. Il ne fait donc jamais nuit, mais pendant environ 4h c’est la “lumière dorée”, un cou-vé (couché et levé) de soleil extra long et extra beau.
Et franchement, c’est vraiment génial ! A part le fait qu’on ne peut pas observer les étoiles, je ne vois aucun défaut 👌
(petite précision : Guillaume et moi nous dormons très bien avec la lumière du jour, je comprends que ça puisse être un peu plus compliqué pour certains)
D’abord, c’est magnifique ce crépuscule prolongé. D’autant que c’est plus facile d’en profiter parce qu’il dure longtemps et que pour arriver ou repartir d’un joli point de vue, pas besoin de randonner dans la nuit.
Ensuite, c’est l’allier ultime des randonneurs et des campeurs :
– pas besoin de frontale, pas de galère pour monter ou démonter le bivouac dans la nuit ou la pénombre, trop facile de sortir de la tente pour aller faire pipi en pleine nuit
– pas d’impératif pour gérer la journée de rando. Pas d’heure limite pour bivouaquer avant qu’il fasse nuit, on peut gérer le rythme de la journée et des pauses beaucoup plus librement
– pas d’humidité du matin sur la tente ! Ce qui veut dire dans mon cas que je ne perdais pas mes doigts tous les matins à rouler la tente à cause de la fraîcheur et de la rosée. Confort au top 😊
– les affaires mouillées (tente ou vêtements, par la pluie, une baignade ou une lessive) sèchent au soleil pendant qu’on dort
– le petit déjeuner et le dîner au bivouac avec un soleil qui réchauffe vraiment.
Bon bien sûr s’il pleut ça change moins de choses hein, mais quand même.
Randonner en autonomie en Norvège et en Suède
Nous avons fait pas mal de rando pendant ces vacances. Trois jours à Bodo, trois jours dans les Lofoten, deux jours sur la partie nord du Kungsleden (vers Abisko), et six jours et demi au sud de Stockholm.
Il faut dire que là-bas il y a de quoi faire. Avec le droit d’accès à la nature, ça foisonne de sentiers dans tous les sens !
Orientation
En Norvège, les chemins balisés l’étaient correctement. Pour les non balisés, nous avions le gps et une carte (openrunner). Si le chemin est fréquenté, c’est assez facile, ce qui ne nous a pas empêché de nous perdre un peu… Faut dire que quand le chemin est sous la neige c’est beaucoup plus difficile à suivre ! Et pourtant ils ne font pas trop dans les virages 😅 facile pour l’orientation, mais quand ça grimpe ça rigole pas trop.
En Suède, nous avons suivi des équivalents de GR. Le balisage était vraiment top. Nous nous sommes quand même, là aussi, un peu perdus : après s’être écartés du chemin d’environ 500m pour trouver un abri contre le vent, le lendemain matin nous nous sommes retrouvés sans le savoir sur une variante du trek qu’on avait prévu de suivre… Donc pas du tout dans la bonne direction ! Un mal pour un bien au final, voir le paragraphe sur les fails 🙃
Infrastructure
Ça rigole pas côté infrastructures, c’est un autre niveau que ce qui se trouve en France, même si on est déjà pas mal lotis.
Dans les deux pays, les chemins étaient bien entretenus, avec régulièrement des passages aménagés avec des planches de bois (cliché confirmé !) qui permettent de traverser des zones humides en toute facilité. Bon, quand le niveau d’eau est tel que même les planches sont sous l’eau c’est moyen pratique mais l’idée est là.
Sur la petite partie du Kungsleden que nous avons suivie, nous avons croisé un refuge fermé mais du coup avec un petit chalet en libre accès pour s’abriter, se réchauffer, dormir, cuisiner.
Et le top du top, c’était sur le Sörmlandsleden. Déjà, il y avait des panneaux explicatifs à chaque début et fin d’étape, ce qui est plutôt agréable quand tu ne connais pas le coin. Ensuite, le sentier est régulièrement agrémenté d’abris avec toujours quelques petits équipements, bien que pas toujours les mêmes (espace pour faire du feu, briquet, scie, couteau, hache…) et surtout il y a des toilettes, souvent, parfois au milieu de nulle part et quand même plus propres que pleins d’autres toilettes que ce qu’on peut voir dans certains resto ! C’est fou, et tellement pratique et agréable.
Enfin, petit bonus, les sources d’eau sont bien indiquées. Alors bon elles donnaient plus ou moins envie, mais c’est top d’avoir cette possibilité.
Un aperçu du mode de vie scandinave
Loin de moi l’idée de faire un cours sur le sujet, ni ne serait-ce que prétendre avoir des choses intelligentes à dire là-dessus. Je veux tout de même vous partager quatre aspects qui m’ont marqué pendant ce court séjour.
D’abord, ça a été un vrai bonheur, très reposant et ressourçant, de passer ne serait-ce que le temps des vacances dans ces deux pays. On se sent en sécurité et entouré de bienveillance, grâce à plein de petits signes. Les boîtes aux lettres ne ferment pas à clé, les cours d’écoles ne sont pas clôturées, les enfants (âge à être en primaire) font des courses d’orientation dans les rues… Beaucoup de choses sont basées, comme ça, sur la confiance. Autre exemple : un jour de pluie dans les Lofoten (le vrai temps de la Norvège selon les locaux), dans une petite ville, après une rando un peu écourtée, à la recherche d’une activité en intérieur, le serveur du resto où nous nous étions réfugié à l’abri des éléments nous parle d’une salle d’escalade, mais pas sûr qu’elle soit ouverte. Ça se tente ! Et en effet, nous avons trouvé un gymnase avec des murs d’escalade sur un côté. Nous avons eu de la chance d’arriver presque en même temps que la responsable du club, mais dans tous les cas les murs et les chaussons sont à disposition : il suffit de payer le montant dû par virement au RIB accroché sur le panneau d’affichage dans l’entrée !
Deuxième point : au plus grand plaisir de Guillaume, ça a été incroyablement facile de trouver du café. Les halls d’hôtel sont ouverts et accessibles, avec café gratuit sans avoir dormi dans l’hôtel ! Au point qu’à Harstad, alors que tout était fermé parce que jour férié et notre bus était dans une heure, tiens si on attendait dans cet hôtel avec un café et un thé gratuit ! Autre exemple à Svolvaer, il pleut et on a rien de mieux à faire, tiens si on squattait ce hall d’hôtel pour manger, geeker et charger nos téléphones pendant quelques heures. Ou encore, ce restaurateur très sympa à qui nous avons demandé de prendre un café qui nous a dit oui, nous a servi, et ne nous a pas fait payer parce qu’il n’était pas encore vraiment ouvert. Trop de love ❤
La nourriture. Toujours tout un sujet parce que nous aimons manger et que nous sommes vegan. Sur le papier je me disais « hmm il y a moyen qu’il y ait beaucoup de poissons, on verra ». En fait, quasi tous les resto ont une option vegan et tous au moins une option vege ! Le routier au milieu de nulle part avec un burger vegan, c’était une surprise fort appréciable. Le muffin vegan dans le petit supermarché aussi. Et le pain nordique c’est trop bon. Par contre, l’ananas sur la pizza spéciale Lofoten et les pizza vege, c’est étrange et pas super local 🤨 J’avais aussi en tête avant de partir que ce sont des pays où la nourriture est chère. Au final, il m’a semblé que pas tant que ça. Le prix au supermarché n’était pas loin de ce qu’on trouve à Paris. Les resto un peu cher oui, mais en Suède on avait généralement le café de compris dedans donc normal que ce soit un poil plus cher… Au final nous n’avons pas dépensé autant pour la nourriture que ce à quoi je m’attendais.
Last but not least, j’ai ressenti un climat de tolérance, et ouh que ça aussi ça fait du bien. Nous avons été à la piscine : dans les vestiaires, pas de cabine individuelle pour se changer à l’abri des regards et cacher ce corps que je ne saurai voir mais une salle commune avec des casiers. Et en fait, c’est tellement agréable de se dire qu’on n’a pas à avoir honte de son corps, qu’il y a toutes les formes, toutes les couleurs, et que c’est très bien comme ça. Quand je vois des enfants élevés comme ça, je me dit qu’ils doivent avoir moins de complexes. Et encore mieux quand après tu croises aussi bien une femme en bikini string qu’une en burkini. On fait ce qu’on veut et on assume !
Le pokedex
Pas de vacances en nature sans être à l’affût des petits animaux locaux qu’on peut croiser.
Je ne suis pas très forte pour les reconnaître donc vous n’aurez pas beaucoup de détails, mais nous avons vu des tonnes d’oiseaux ! Du petit moineau à l’immense grue en passant par la perdrix des neiges, peu importe l’heure, l’altitude et la longitude nous n’étions jamais seuls. Et c’était la saison des petits qui se faisait nourrir par leurs parents, trop chou 😍
Côté mammifères, nous avons pu observer un nombre conséquent de biches, des lièvres, des écureuils, un élan (ou un caribou ?) et un renne blanc (du Père Noël probablement !).
Bon, en moins sympa on a eu aussi des attaques de moustiques voraces, une attaque de fourmis et une invasion de limace lors d’une nuit un peu humide.
La logistique
Sur les deux semaines et demie de voyage, nous avons fait principalement du bivouac. Les quelques épisodes de pluie et le besoin de prendre une douche nous ont poussé vers des hôtels ou des airbnb pour 7 nuits. Nous avons aussi fait 1 nuit dans le train entre le nord et le sud de la Suède et 1 nuit en bateau dans L’Hurtigruten.
L’Hurtigruten c’est ce fameux bateau qui remonte toute la côte norvégienne et ses fjords avec des escales régulières. Le prendre nous a permis de mêler l’utile à l’agréable. Avec des billets sans cabine, nous avons dormi dans le lounge avec une vue imprenable sur le paysage, sur des fauteuils et canapés très confort, après avoir dégusté une bière locale. La cerise sur le gâteau ça a été le petit détour par le fjord du Troll, un fjord très étroit (le bateau qui frôle les deux côtés!), qui donne une impression assez vertigineuse.
Pour les repas, chez nous qui dit bivouac dit semoule gonflée à l’eau froide. Ah on en a mangé, mais pas que heureusement. Nous avons pu un peu cuisiner dans les airbnb ou les hotels, et nous avons aussi fait quelques restaurants (9 seulement, dont un chinois vegan vraiment chouette). Le restaurant post-trek de 6 jours et demi a été particulièrement apprécié 😃
Les fails
Parce qu’au final tout s’est bien fini et qu’il vaut mieux en rire, je vous partage aussi quelques expériences ratées :
– après 5km de randonnées, un pont manquant… il a fallu faire demi-tour et trouver un autre accès pour faire la suite de la rando (qui valait vraiment le coup!)
– tous les magasins (notamment alimentaire) qui ferment exceptionnellement à 16h le samedi de la pentecôte et qui ne rouvre que le mardi suivant. Nous avons quand même réussi à trouvé une petite supérette ouverte jusqu’à 18h, pleine de gens, pour nous dépanner, même s’il a fallu affronter les éléments.
– la nuit sur le Kungsleden à -2°C avec nos duvets 15°C, les pieds trempés parce que le chemin était inondé, et l’erreur d’orientation au réveil (les variantes sont balisées comme le chemin principal)… été plutôt tardif cette année et manque de préparation de notre part. Mais à la place nous avons fait le Sormlandsleden, pas de regret !
– le passeport périmé… Comme quoi voyager sans pièce d’identité valide c’est possible ! Ça m’a quand valu quelques frayeurs, un passage à l’ambassade et une quarantaine d’euros pour des photos d’identité et un laissez-passer qui ne m’aura finalement même pas servi.
Vous l’avez compris, je vous recommande chaudement cette destination.
Peut-être que nous y retournerons en hiver pour cette fois voir les aurores boréales.