UT4M Challenge : Chartreuse 4/4

Bon ok, j’ai un peu trainé pour écrire la dernière partie, mais la voila.

Ce matin les jambes sont plus raides, mais dans l’ensemble ça va plutôt bien. Il faut dire que je fais particulièrement attention à la récupération.

Dès la ligne d’arrivée passée, j’avale une demi baguette pour répondre au concept de fenêtre métabolique. Dans l’idée, après un effort il faut manger dans le 15 à 60 minutes (en fonction des études) pour refaire vos stock de glycogènes, du sucre en gros. Lorsque vous mangez sur cette période, le corps refait ses réserves plus rapidement.
Une fois à la maison, c’est douche avec une finition eau froide pour les jambes et chaussettes de compression afin de rappeler au sang qu’il ne faut pas rester dormir dans les jambes. Puis j’attaque le repas du soir. Lors de mes premières courses j’ai testé le concept sans résidus, en gros tu manges des pâtes aux pâtes. J’ai fini par me rendre compte qu’en plus d’être un peu limite gustativement ça générait des soucis d’ordre intestinal. Je reste donc dans du classique des recettes simples du quotidien. J’évite juste les plats trop épicés ou ceux dont l’élément principal sont les légumes. Au vu des résultats sur cette course, je pense que je vais garder cette habitude pour les courses à venir. J’ai été très bien en énergie tout du long sans rencontrer de problème gastrique. A savoir que ce type de problème est généralement la cause numéro 1 des abandons en ultratrail.

Pour finir sur la parenthèse alimentation, certaines personnes me demandent comment je fais pour me complémenter en protéine en tant que vegan. Pour commencer, le mythe de la protéine est principalement d’ordre marketing. Dans une alimentation vegan ou carné on a largement assez de protéines pour ses besoins du quotidien. En tant que sportif, j’essaie de faire un peu plus attention sur mes repas post grosses sorties et courses, mais il faut savoir que l’on trouve des protéines dans énormément d’aliment : pois chiche, lentille, soja, haricot rouge & co. Au vu de la progression ces dernières années où j’ai été vegan, je doute que ça soit vraiment un facteur limitant la performance.
On revient à la course en elle-même et on repart sur la même stratégie qu’hier : je fonce tant que c’est plat ou que ça monte. Dès le départ, je prends la tête de ma vague. On est un petit groupe de 4 coureurs. Ils me reprennent sur le premier faux plat avant que je repasse dans la seconde dans la montée. Comme d’habitude je les distance dans la montée et dès la premières descentes ils reviennent, mais vous commencez à connaître la rengaine. J’arrive à les distancer un peu plus longtemps en sautant le premier ravitaillement en eau. Je préfère souvent porter un demi-litre de plus et ne pas avoir à attendre sur les ravitaillement 100% eau, alors que d’autres coureurs préfèrent être le plus léger possible et se ravitailler à chaque fois.

Comme l’évoque souvent Arnaud Mazanini dans son podcast Ultratalk, ce qui est intéressant en ultra, c’est que l’on sait souvent bien avant de passer la ligne d’arrivée que l’on va réussir ou non. Dans mon cas, en arrivant au Sappey à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, j’étais dans cet état d’esprit. Sauf gros pépin physique du genre : se casser quelque chose, je savais que je passerai la ligne d’arrivée et au vu de ma forme, probablement dans le top 100. Ça laisse donc quelques kilomètres pour pouvoir savourer ce que l’on vient de faire. Ces derniers kilomètres étaient d’autant plus agréables que le public était très présent. Toutefois, mon public préféré, en dehors de l’assistance, a été :

  • la dame à l’harmonica, toujours présente dans la première montée et la dernière descente.
  • le monsieur aux longues moustaches que l’on croisait plusieurs fois par jour à des endroits assez improbables. Il devait connaître des raccourcis sous terre. Je crois l’avoir croisé jusqu’à 4 fois au sein de la même journée.

Les kilomètres continuent de défiler. La plan de course se déroule très bien, au Col de Vence je décide de nouveau de sauter le ravitaillement. On est à 10 km de l’arrivée tous les voyants sont au vert et surtout une fois passé Rachais je connais les 8 km sur l’arrivée. Une dernière petite montée et on bascule dans la descente finale. Un début avec un peu de technicité entre cailloux, racines et randonneurs. Puis on rejoint de la piste compactée. Plus besoin d’en garder sous le pied pour le lendemain, je lâche les derniers Watts cachés dans la semelle. Je remonte les personnes qui ont eu un pépin physique qui les force à marcher. Je descends la Bastille à toute vitesse. J’arrive enfin sur le plat final pour lequel j’enclenche le mode “sprint”. Je passe un coureur qui me dit que je n’avais pas le droit d’en garder autant sous le pied. La parcours slalom dans un Grenoble bondé jusqu’à la ligne d’arrivée. Je passe sous l’arche, le chrono s’arrête. Première pensée : c’était quand même un peu fatiguant cette rando. Seconde pensée : où est le bar le plus proche pour boire une IPA 🙂

Le temps de récupérer un peu je charge la course de la journée sur mon téléphone. Je n’ai aucune idée de mon rythme à la fin de la course. En effet, pour appréhender le trail de façon plus sereine et ne pas avoir des bip bip inopportuns au milieu d’une descente, j’ai décidé de couper toutes les alarmes de ma montre, sauf celle qui m’encourage à boire (de l’eau). J’allume Strava, qui m’indique un dernier kilomètre à 4:49 min/km, soit un peu plus de 12 km/h. Petite satisfaction de me dire que mes entraînements à tourner en rond en mettant du rythme pendant le confinement m’ont aidé à avoir des jambes solides jusqu’à la fin. Maintenant c’est séance photos et bière bien méritée.

L’UT4M vient valider l’entraînement de cette dernière année et présage de bonnes choses pour mon objectif de l’année qui est : le GR20, Nord – Sud de la Corse, en 3 jours. Je l’ai effectué en 6 jours de marche il y a quelques années. A l’époque, je ne faisais pas de trail, c’est d’ailleurs cette longue rando qui m’a donné envie de m’y mettre. L’objectif semble parfait. Je suis loin de pouvoir me dire que c’est dans la poche et que je suis sûr à 100% de terminer, mais cette dernière année me donne confiance pour estimer que j’ai plus de chance d’arriver au bout, que d’échouer.

On se revoit dans un moins plus d’un mois pour vous raconter comment ça s’est passé.