UT4M Challenge : Vercors 1/4
Dix-huit mois après l’inscription à l’UT4M nous y voilà enfin. Après le report de cette course en 2020, je vais enfin pouvoir courir autour de Grenoble. Cette année, l’UT4M ne sera pas l’objectif principal de ma saison, mais reste une répétition grandeur nature en juste un peu moins condensée de l’objectif de septembre.
Courir l’UT4M a une saveur particulière. Lors de l’épreuve, nous faisons le tour de Grenoble par les différents massifs qui l’entourent. Massifs que je connais de noms pour avoir vécu quelques temps ici. Je trouve d’ailleurs cocasse le fait de m’être mis au trail en arrivant en région parisienne, alors que j’avais passé 5 ans à vivre en Rhône Alpes aux portes des montagnes.
Enfin voilà, nous sommes le matin du premier jour et les festivités vont commencer. Contrairement aux autres courses auxquelles j’ai pu participer je n’ai pas de stress. Cela est dû à un événement auquel j’ai participé en février qui m’a fait relativiser un tas de choses sur les courses. Je dis événement, mais c’était plutôt un truc organisé à l’arrache avec 5 ou 6 personnes lors des périodes de couvre-feu. Le projet pour la journée était de faire 100 km entre les bornes horaires instaurées par le gouvernement. Arrivé sur place nous n’étions qu’ un groupe très réduit : à peine 6 participants et 4 spectateurs / ravitailleurs. On discutait tranquillement entre coureurs et ravitailleurs, puis soudainement on a réalisé qu’il était 7h et on s’est mis à courir. Sans grand départ, sans chrono officiel, sans dossard. Finalement, sur cette journée je n’aurai fait “que” 50 km, mais j’en ai tiré un tas d’enseignements, comme le fait de prendre les départs de façon décontractés.
Aller, cette fois-ci je ne vous fais plus attendre, on y va. Sur la ligne de départ, nous avons le briefing de course. L’organisateur nous met particulièrement en garde sur la descente du col de l’Arc qui d’après lui est particulièrement glissante. C’est noté, on verra ça tout à l’heure. Top départ, un petit tour de “stade” pour faire coucou aux spectateurs. On passe devant la mairie. On rejoint les chemins, c’est parti !
Le temps est vraiment dégueulasse, toujours à la limite de la pluie. Assez rapidement comme la plupart des coureurs j’opte pour ranger la veste de pluie et j’accepte le crachin. Rien ne sert de faire un hammam dans ma veste dès le matin, autant la garder quand on sera sur les hauteurs plus tard.
On évolue sur des chemins sur lesquels il est compliqué de se décider pour le rythme. Ça monte, mais pas trop du coup c’est courable. En même temps c’est la première de quatre longues journées, il faut s’économiser pour les jours à venir. Je prends l’option d’un rythme assez conservateur. Au bout d’un peu plus d’une heure de course, je vois devant moi un tremplin olympique et au vu du chemin pris par les coureurs devant moi, on se dirige droit dessus. Ça commence à monter raid, typiquement mon type de terrain préféré. Plus besoin de réfléchir au rythme. J’enclenche le mode grimpe et c’est parti un pas après l’autre je monte vers le sommet. Arrivé en haut du tremplin, petite pause au ravitaillement où mes parents m’apprennent que les premiers ont été tellement vite qu’ils ont dépassé le staff censé être en poste au prochain sommet pour bipper les dossards.
En sortant du ravitaillement, j’aperçois un panneau grimpeur. Il s’agit d’un classement parallèle au classement général où chaque jour nous passons sur 2 sections de grimpe pour lesquelles le chrono est pris. A la fin, du challenge la personne ayant le meilleur temps sera sacré “Grimpeur”, en gros c’est le maillot à pois de l’UT4M. Le panneau grimpeur c’est surtout une bonne nouvelle car ça annonce des sections que j’affectionne particulièrement et sur lesquelles je gagne pas mal de temps par rapport au reste du groupe. J’avance donc à mon rythme en reprenant les gens 1 à 1 dans la montée jusqu’à arriver au Moucherotte, le point culminant de cette journée à 1901 m. Brume, pluie légère et vent, font que je ne m’éternise pas au sommet. L’UT4M 2021 ne s’annonce pas être une année très photogénique.
Je passe ensuite une bonne heure à m’amuser dans des chemins un peu boueux, un peu technique et surtout très sympas, jusqu’à arriver à ce fameux col de l’Arc dont nous avons parlé précédemment.
Je m’élance dans ce qui est le plus gros merdier que je n’ai jamais eu à descendre. Le début de la descente est ludique, il y a de la boue, ça glisse, mais ce n’est pas pire qu’un stade de foot en Normandie. Au fur et à mesure que j’avance, je vois de plus en plus de gens quasi à l’arrêt et surtout le nombre de shorts marrons commence à significativement augmenter. Et voilà la première glissade pour moi. Je me remets debout. Ça me fait sourire, la boue ne m’a jamais fait peur. Hop, seconde glissade immédiatement après. Les poignets de mes bâtons sont pleins de boue, là ça me fait moins rire. Les poignées pleines de boue glissent et les bâtons deviennent un poids mort inutilisable. Heureusement je croise un ruisseau dans lequel je prends le temps de nettoyer rapidement mes mains et mes bâtons. Tout “propre”, je repars dans la descente et le scénario se répète, glissade, boue sur les bâtons, ruisseau… J’arrive en haut de ce qui pourrait ressembler à un toboggan. De la boue coule sur 3 mètres très pentus. Il n’y a pas le moindre arbre, cailloux qui pourraient éviter de glisser. Je prends le parti de m’asseoir sur mes pieds et de glisser. Ça fonctionne tellement bien que pour m’arrêter je dois faire un virage comme au ski. L’exécution est parfaite. Je fais une jolie gerbe de boue… qui atteint partiellement le coureur devant moi. Je regarde ma montre. Encore 400m de descente comme ça. Je glisse une énième fois. Ma jambe gauche passe sous mon corps. Je crains que ma cheville parte en vrille, finalement c’est la hanche gauche qui trinque et qui saura me le rappeler dans les jours à venir. Le fun nous a définitivement quittés pour la journée. Alors on se concentre et on évite de venir rajouter des chutes et glissades au tableau déjà bien chargé de la journée.
Quand on retrouve le bitume juste avant Vif, c’est une délivrance. L’arrivée est proche et mon équipe d’assistance, complétée par Lucas qui courra Taillefer demain, m’y attend. Ils sont épatés par mon style : jambière en écailles de boue, assortie avec un sac couleur brune et son short marron. Après avoir protégé un minimum la voiture pour qu’elle évite de ressembler à un tracteur, nous nous dirigeons vers la maison pour un repas bien mérité.
A demain…